LE PROJET
ACTION EN FAVEUR DES ENFANTS DE RUE
MISSIONS
• Aller à la rencontre des enfants et de leurs parents, les écouter, s’entretenir avec eux aux fins de mieux comprendre leurs préoccupations, leurs désirs et souhaits.
• Elaborer avec leur participation des projets individuels de vie qui puissent sortir chacun d’eux des conditions du moment.
• Procéder à l’éducation, à la réinsertion familiale ou
socioprofessionnelle des enfants cibles
• Entreprendre toute sorte de sensibilisation active qui contribuerait au maintien de l’équilibre familial.
• Organiser chaque année des rassemblements (colonie, camps) de vacances pour les enfants en situation difficile récupéré par les divers centres d’accueil.
• Mener toute action préservant l’intérêt supérieur de l’enfant et respectant les textes nationaux et internationaux relatifs aux droits des enfants.
VISION Elle veut amener l’environnement humain immédiat et institutionnel de l’enfant ainsi que la communauté nationale à reconsidérer le statut de l’enfant dans la société et à s’engager activement à la promotion de l’enfance épanouie.
BENEFICIAIRE
Le terme enfants en situation difficile désigne les enfants de la rue et dans la rue, les enfants victimes de maltraitance de toutes sortes du fait de leur placement auprès de tierces personnes ou parce que victimes de trafic interne ou transfrontalier.
Les bénéficiaires sont donc :
• les enfants victimes de toutes sortes de maltraitance qui fuient la maison
• les enfants victimes de trafic interne et externe
• les enfants orphelins
• les enfants abandonnés ou errants
• les enfants qui se livrent à la prostitution
L’âge de ces enfants doit être compris entre 6 et 18 ans
ACTIVITES
• organiser des causeries thématiques pour un changement de comportements
• mener des enquêtes sociales, des réinsertions et des suivis
• constituer des dossiers individuels pour chaque enfant
• organiser des jeux de toutes sortes et des excursions
• alphabétiser
• donner des conseils aux familles
• organiser des séances de vaccination en prévention des différentes maladies et donner des soins de santé
Organiser des émissions radiodiffusées pour sensibiliser le grand monde.
RESSOURCES HUMAINES
* Un réseau d’éducateurs et d’assistants sociaux
* Les services sociaux de l’ÉTAT
DOMAINES D’INTERVENTION
• le respect des dispositions contenues dans les textes relatifs aux droits des enfants
• l’éducation alternative
• l’éducation sanitaire
• la recherche action
INSTITUTIONS A ASSOCIER
ONG ou associations de développement basées dans la localité. Mairie et arrondissement de la localité Centre de santé, Centre de promotion sociale Etablissements scolaires
INDICATEURS DE DURABILITE
• diversification de partenaires
• partenariat avec d’autres associations du réseau des structures travaillant pour la cause des enfants
• appui de la Mairie
• renforcement de la collaboration avec les structures étatiques
• renforcement de la collaboration avec les patrons d’ateliers de formation
INTRODUCTION
ENFANT : individu (personne) âgé de 0 à 18 ans. Il peut être un garçon ou une fille qui est né vivant et viable. RUE : selon le dictionnaire Petit LAROUSSE "voie bordée de maisons dans une agglomération ". Mais dans notre cadre actuel la rue englobe également des édifices, les bâtiments publics, les places publiques, les marchés, les gares ferroviaires et routières, les salles de cinéma et de vidéo clubs. Il peut s’agir de tout coin ou recoin tombé dans le domaine public ou ayant un aspect d’abandon et délabré.
Les abords des chambres de passage où ils jouent le rôle d’ange gardien ou protecteur des prostituées des maisons de tolérance. La plage, le port, les espaces de transaction comme les parcs de ventes de véhicules, les vidéo clubs etc.……. C’est à ces différents lieux qu’il est susceptible de rencontrer ces enfants. Ils y sont soit parce qu’ils y ont élu domicile ou en font un espace de jeux de toutes sortes. Ils exercent dans ces lieux les petits métiers. On les rencontre également lors de certains événements : défilés civils et militaires organisés lors d’une fête, matchs de football, rencontres de boxe, spectacles de toutes sortes, cérémonies de sortie de revenants ou des milices de la nuit communément appelés ZANGBETO, manifestations religieuses (messe de minuit chrétien, du nouvel an) les grands rassemblements de foule. L’expression Enfant de la Rue traduit un phénomène urbain qui se manifeste dans les contrées urbaines.
ENFANTS ET JEUNES DE LA RUE (EJR)
Il s’agit des enfants qui ont quitté la maison pour la rue et qui n’y retournent presque plus. Il y a une certaine permanence qui caractérise leur séjour dans la rue. Est-ce à dire qu’ils ont complètement rompu avec leur famille d’origine ? Est-ce qu’ils ne vont plus jamais à la maison ? Non ils ne sauraient couper complètement définitivement avec la famille (père, mère, frères) ou famille élargie comprenant grands-parents, oncles, tantes, etc. car ils se font voir à certaines occasions. Ainsi en est-il lors des fêtes en l’honneur des défunts, des cérémonies de lunaison pour sortir un enfant, lors des fêtes de fin d’année. A ces quelques occasions et bien d’autres les EJDR se font voir des membres de leur famille et ils offrent au besoin des présents même s’il s’agit de choses de peu de valeur. La réaction recherchée étant de se faire bénir ou conseiller histoire d’être mentalement réarmé pour un nouveau départ dans la rue. L’EJDR peut couper ses relations avec la personne vis-à-vis de laquelle il est en mésentente, en désaccord et garder de bonnes relations avec les autres. Ici le critère sur lequel on joue pour classer les enfants dans l’une ou l’autre catégorie est bien le temps qui sépare deux visites de la demeure des parents. L’EJDR a élu domicile dans la rue avec tout ce que cela suppose. L’enfant dans cet éloignement a réuni le critère de sa rupture avec sa famille. Il s’est déconnecté de la maison, il n’a plus les informations et donc il vit des sentiments refroidis. Ses proches ont cessé de compter sur lui. Ce type d’enfant est forcément dans la rue. Un enfant qui retourne à la maison juste pour bailler les salutations tous les mois, tous les trois mois ou tous les six mois ou tous les ans est-il de la rue ? Au regard de l’analyse que précède, il est bien un enfant de la rue. Dans quelle catégorie classer l’enfant dont les parents et lui se voient dans la rue ? Est-il de la rue ou dans la rue ? N’est-il pas un enfant de la rue ?
ENFANTS ET JEUNES DANS LA RUE
L’enfant dans la rue : le critère de régularité à la maison jouant toujours, on dira de lui qu’il n’a pas élu domicile dans la rue et qu’il y retourne presque tous les jours au domicile de ses parents. La rue pour cet enfant est le lieu où il vient rechercher et trouver de quoi manger pour survivre. Le phénomène des enfants de la rue est urbain. Compris comme tel, nous pouvons donc dire que le groupe de mots enfant de la rue regroupe les enfants venus des campagnes du fait de l’exode rural, les enfants qui sont nés en milieu urbain et qui ont rejoint la rue pour des causes multiples. On y rencontre des enfants victimes de trafic, des enfants égarées, des enfants maltraités, des orphelins de père et ou de mère, des enfants ayant fait des fugues, des garçons et des filles désœuvrés, des filles qui s’adonnent à la prostitution. Ils proviennent de toutes les couches de la société riche, pauvre. L’enfant dans la rue peut devenir un enfant de la rue. Mais il y a aussi la catégorie des enfants pour la rue.
ENFANTS POUR LA RUE
Cette nouvelle catégorie d’enfants a été observée au cours de ma vie professionnelle aux côtés des enfants de la rue. Que recouvrent ces termes ? Les enfants de la rue ayant atteint l’âge majeur se trouvent une partenaire de leur catégorie dans la rue et de leurs unions répétées survient une grossesse désirée ou non. La fille et le jeune étant tous dans la rue, la grossesse évolue dans ce milieu jusqu’à son terme et la femme connaît la délivrance dans la rue. Pour certaines elles n’ont pas les moyens financiers pour se faire suivre et assister dans un centre de santé. Cet enfant né par chance dans une maternité ou au pire des cas dans la rue et éduqué dans la rue qui est le milieu de vie de ses parents connaîtra ses parents géniteurs dans l’ambiance que cela suppose. La famille pour cet enfant se réduit dans un premier temps à ses parents géniteurs et par extension à toutes les personnes qu’il rencontrera et côtoiera dans la rue. Issu de parents de la rue cet enfant a t-il la chance un jour de connaître la famille dont ses parents sont issus ? Cet enfant ne vient-il pas continuer la statut de son père et de sa mère ? Pour avoir connu le jour dans la rue et au vue de ce qui précède ne répond t-il pas à l’appellation enfant pour la rue !
Y a t-il des filles dans la rue ?
Oui, il y a des filles dans la rue au même titre que les garçons. Seulement les filles sont moins visibles que les garçons car elles sont parrainées par des hommes ou des femmes qui profitent de leurs prestations, de la main d’œuvre qu’elles constituent. Ces gens leur procurent la protection nécessaire et indispensable afin de continuer à les " utiliser " à plusieurs fins. Elles peuvent servir de passe temps sexuel, se livrer à la prostitution ou jouer le rôle d’aide ménage. C’est dans ce lot d’enfants qu’on trouve les enfants domestiques et bonnes à tout faire ou candidates au trafic interne et transfrontalier.
ACTIVITES DE SURVIE
Comment survit-il dans la rue ?
Dans un milieu où il est question de survie, l’enfant se bat, se débrouille pour pouvoir rester en vie. Pour ce faire il lui faut manger boire, s’occuper de sa santé, accomplir les petits métiers pour avoir de l’argent… Il y a pénurie, manque, inégalité dans la répartition des biens de consommation. La nourriture existe mais en quantité limitée et le nombre de ceux qui veulent y accéder est élevé. Dans ce contexte qu’on peut assimiler à la jungle, le verbe se BATTRE prend de l’ampleur et se comprend mieux. Ceci appelle des attitudes : il faut être inventif, il faut avoir de l’imagination, faire usage de tous les moyens l’essentiel est d’arriver à sa fin, à survivre. Pour survivre l’enfant de rue vole, dévalise, travaille, exerce tous les petits métiers qui existent ou qu’il crée et parfois suivant le temps qu’il fait, les saisons de l’année. Quelques faits : en période de jeûne musulman par exemple, les enfants contre de l’argent passent très tôt le matin réveiller les pratiquants de la religion avec lesquels ils ont noué accord verbal afin que ses derniers puissent se conformer aux prescriptions islamiques. Lorsqu’un usager du marché ne se ressaisi pas il lui arrache son bien. La survie exige la violence, les disputes, les partages inégaux, la méchanceté, l’intérêt particulier. Au nombre des activités qu’il mène on peut citer :
ramassage des ordures
balayage des étalages
portefaix
débardeur
lavage de moto, de véhicule etc.
recherche et vente de bouteille, d’objet en plastic
traîneur de chariot
chargement et déchargement de produits vivriers de saison
recherche et vente de la ferraille
gardiennage
pêche de poisson
mendicité etc.
Ces enfants d’une imagination débordante s’adaptent à toues les occasions.
5. GESTION DE LA JOURNEE
Souvent et tôt le matin il accomplit quelques tâches contre de l’argent. Pour ne pas avoir à trop errer il se dirige vers ses clients à qui il donne satisfaction. De préférence le matin pour que d’autres camarades ne lui prennent sa place. Il reçoit donc après tâche accomplie un peu de sous ce qui lui permet de se payer de quoi manger et de se refaire des forces pour la journée. Il va consacrer une bonne partie de la journée aux différents jeux ou occupations de son choix. Ses loisirs sont surtout fait de :
cinéma
vidéo club
nage
musique
football
baby-foot etc.
Les sons de tam-tam attirent beaucoup les enfants et les filles de la rue surtout lors de sortie des revenants qui drainent une foule importante. On peut être amené à observer par moments un rassemblement d’enfants qui chantent, dansent au rythme de gongs et de tam-tam. C’est une activité de défoulement qui lui permet de s’évader, de s’exprimer à haute voix, d’avoir le sentiment de taper sur quelque chose au lieu d’avoir à taper sur quelqu’un. Cela favorise la cohésion du groupe et une expression des compétences mais parfois ceci abouti à une cacophonie. Au sortir d’une telle animation il est fatigué et il ne lui reste qu’à se reposer en vue de reprendre des forces. Par ailleurs en temps perdus, les enfants ont pris l’habitude de s’adonner à des moqueries. Dans cette ambiance de joie passent des informations de toutes sortes pour le bonheur de toute personne présente en ces lieux. La nuit ou la pénombre peut être mise à contribution pour commettre des larcins afin de ne pas être identifié.
INSTRUCTIONS
Est ce qu’il a envie de s’instruire, dans sa langue ou dans une langue autre que la sienne ? L’enfant des marchés a bien envie d’augmenter ses recettes en tant que portefaix, traîneur de chariot ou de guide aux usagers étrangers qui viennent d’autres pays pour des affaires et qui ne parlent pas sa langue. Il est confronté à un problème de communication et il a besoin d’acquérir de la compétence afin de passer cette barrière. J’ai eu à aider cette catégorie d’enfants à trouver réponse à cette préoccupation mais par expérience je dis d’ores et déjà que ce n’est pas une mince affaire. Pour y parvenir il faut emprunter un chemin, il faut adopter une certaine démarche, il faut certainement s’organiser avec un groupe car ils sont plusieurs à être dans le besoin
il faut beaucoup de patience et d’amour pour pouvoir gérer une classe d’apprenants qui ont différents niveaux (multigrade)
le jour, le moment de la journée, le lieu, la durée d’une séance, le nombre de fois dans une semaine.
il faut qu’à l’issue de chaque séance que les apprenants aient des raisons de revenir à la séance suivante.
il faut déterminer avec précision le contenu du programme qui doit être en adéquation avec les besoins à satisfaire et sa durée dans le temps.
il faut savoir conduire de bout en bout un cours et ne pas faire des frustrés car quand le leader n’en veut plus, il risque d’entraîner dans son mouvement d’abandon ses autres camarades ou compagnons.
Il faut organiser autant que possible des séances dans un espace qui est proche de leur lieu de présence
La discipline qui caractérise les classes formelles ne saurait être de mise ici
Ne sous-estimons pas le fait que l’enfant de la rue a un mental caractérisé par L’IMMEDIATETE. Tout ce qu’il entreprend, tout ce qu’il poursuit, il veut en obtenir un résultat immédiat, séance tenante. Lorsque les résultats ne sont pas palpables ou trop lointains il n’est pas motivé et abandonne.
7. VIOLENCE
Le quotidien de ces enfants est hélas souvent fait de violences de toutes sortes. L’enfant pour véritablement intégrer un groupe d’enfants de son âge fortement hiérarchisé doit montrer ce qu’il sait faire de ses muscles et des méninges. C’est non seulement à coup de poing qu’on se fait accepter pour avoir une place dans ce genre de groupe mais aussi il faut se faire parrainer. S’il sort vainqueur du pugilat cette victoire lui confèrera respect, admiration, considération et compétence. Il ne peut en être autrement car la vie dans la rue en elle même est rude, rugueuse. On arrache, on s’attribue sa place par la force. Les bagarres et les conflits sont des sources de violence. En tout cas ils sont fréquents et peuvent mettre aux prises des individus d’un même groupe qui se connaissent pourtant ou des individus appartenant à des groupes différents car il y a un intérêt sérieux en jeu. Les conflits qui sont source de comportements violents ont diverses causes : argents, filles, femmes etc.… Les injures les plus acerbes précèdent les bagarres au cours desquelles les enfants font régulièrement usage des armes blanches (couteaux, tessons de bouteilles etc.) qu’ils portent souvent sur eux. La violence va de paire avec la prise de la drogue. La drogue se présente sous plusieurs formes : chanvre indien (cannabis), cocaïne et autres. La CASSE qui est un terme de la rue tient une place importante dans ce chapitre.
En quoi consiste t-elle ? Des individus d’un groupe se rendent sur le territoire, sur le périmètre d’actions d’un autre groupe pour l’affronter. L’affrontement est parfois sanglant avec pour résultat des blessés. Elle se solde aussi par la destruction systématique de tout bien se trouvant sur ce périmètre. Cette opération nécessite déplacement. Des groupes qui ont la renommée d’être composés de casseurs professionnels sont sollicités à accomplir cette sale besogne contre de l’argent. Dans certains cas les enfants ou jeunes sont sollicités par des particuliers qui cherchent à en découdre avec un autre citoyen. Les casseurs se rendent sur les lieux indiqués pour opérer.
8. VOYAGE, DEPLACEMENT, MOBILITE
La recherche du bien être, du mieux être, la vérification d’une information, la recherche du travail, d’une occupation, de la pitance, d’un petit métier, des loisirs, des jeux etc. pousse les enfants dans une grande mobilité. Tous les moyens sont mis à contribution. Les déplacements peuvent se faire soit à taxi moto ou soit par bus sans qu’il ne paye rien à la descente car il use de stratagème pour disparaître. S’il n’a aucun sous il choisit soit de s’infiltrer parmi les passagers d’un véhicule de transport en commun et s’engouffre sous un siège jusqu’à destination avec la complicité de certains passagers ou soit il parcourt son trajet pédestrement ou il fait auto stop d’engin à deux roues. Ces déplacements et moyens utilisés s’observent entre la ville capitale de Lomé. Entre les structures d’accueil situés dans la même ville il n’a aucun souci à se faire car usant de mensonges et étant en bonne santé physique, il se déplace facilement et se rend partout où il a envie de se retrouver. L’instabilité de cette catégorie d’enfants se manifeste ainsi. Ils sont toujours prêts à partir l’essentiel est qu’ils soient motivés.
9. LOGEMENT
Où dort-il, où se couche t-il, comment dort-il ?
L’enfant de la rue ou dans la rue se trouve parfois des heures de repos. L’enfant de la rue : Après le travail, les occupations, après l’exercice des petits métiers, il peut choisir de rejoindre ses camarades pour se reposer ou se retrouver seul dans un endroit pour dormir.
L’enfant dans la rue :
Il vit de la même manière que l’enfant de la rue. Il n’y a pas de différence entre eux. Il peut être amené à dormir dans la rue mais souvent c’est à la maison qu’il se rend . Dans la rue il se couche à même le sol sous un hangar ou sur la voie pavée, dans un coin de la rue, dans un bâtiment délabré qui se trouve dans un état d’abandon, à la belle étoile, parfois exposé aux moustiques, aux intempéries, aux taquineries des compagnons. Avant de se coucher il prend soin de cacher ses sous ou tout objet qui lui est précieux. Toujours parlant de la manière de se loger de ces enfants, il n’est pas rare de constater que des compagnons se mettent en ensemble pour prendre en location une ou des chambres qu’ils occupent et paient les frais de location souvent en fin du mois. Ceci dure le temps qu’un conflit vienne les diviser et que le groupe enregistre des départs de ses membres.
10. HABILLEMENT LORS DE FETES OU LES MOMENTS DE REJOUISSANCE
Il saisit souvent ces moments pour s’exhiber, pour se faire voir. Voyez-le dans ses gestes, dans ses comportements, dans son habillement. Il s’habille très proprement à la mode, mode calqué sur l’actualité vestimentaire d’une vedette de chansons, d’un acteur de film. Cette imitation s’apprécie également par rapport à la chaussure et à la chevelure. C’est l’occasion à saisir pour s’enivrer. Tout ceci s’observe par exemple la nuit de la Saint Sylvestre où il passe maître dans le lancement des pétards même les plus assourdissants à vous fendre les tympans. Quelques éléments sur lesquels il joue lors de son habillement pour se donner une certaine prestance : Chapeau, chevelure, chemise manche courte, manche longue ou manche très longue, torse nu, pantalon simple ou jean, culotte, lunette, boucle d’oreille, cheveux tressés, ou frisés, coupe mondaine et moderne, tricot sans manches, tissu de couleurs vives, sandalettes, chaussures fermées, tee-shirt, ceinture, tenue militaire, friperie. Les jours de fête : jour férié, jour chômé, fête d’indépendance, événement heureux, réjouissance de toutes sortes, l’enfant dont il s’agit s’habille, s’endimanche à sa manière. Pour bien paraître donc il s’achète ses vêtements de friperie ou utilise tout autre moyen dont le prêt ou le vol pour les avoir, l’essentiel étant qu’il obtienne ce qu’il désire. Le marché de friperie est son milieu de prédilection et les vendeurs sont ses ennemis car il en ramène toujours des effets vestimentaires soutirés. Cependant il investi à certaines occasions de l’argent pour être bien mis surtout lorsqu’il doit aller à la rencontre d’une fille ou séduire les filles du milieu qu’il fréquente. Les habits utilisés peuvent servir à nouveau comme ils peuvent ne plus servir. Les tenues qui ont à ses yeux du prix sont gardées cachées auprès d’amis. En cas de difficultés financières il peut bazarder le tout ou une partie. Un aspect qu’il importe de souligner est qu’il ne porte pas souvent de slip. Il n’en éprouve pas toujours le besoin et cela dépend aussi de son âge. La vie dans la rue ne lui permet pas d’avoir une VALISE et un lieu à lui où il range ses effets. La raison de cet état de chose est qu’en cas de commission de forfait et pourchassé par la police, il ne pourra emporter ses effets. Le mieux pour lui c’est donc de ne pas être fixé à un endroit donné sinon tous ses biens pourraient être emportés par la police qui le rechercherait ou les amis de tous les jours qui vont en disposer facilement. Certains enfants pour s’adapter à cette situation laissent leurs effets de valeurs dans une chambre louée qui est située très loin de lieu d’activités et se contentent d’une tenue pour les différentes activités. Lorsqu’il fait la lessive il reste et surveille ses effets jusqu’à ce qu’ils soient complètement secs. La tenue vestimentaire est un élément d’identification de l’enfant de la rue.
11. MALADIES
Comme tous les êtres humains il lui arrive de tomber malade. Son milieu de vie, de travail, d’exercice de petits métiers est source de maladies de toues sortes. Voici quelques unes des maladies auxquelles il est exposé : le paludisme, la gale, la teigne, la gonococcie (chaude pisse), la syphilis, le pian, le chancre mou, le chlamydia, la blennorragie, la bilharziose, H I V/SIDA, le tétanos, le choléra, l’invasion des chics… Il traîne souvent des blessures qui sont dues aux combats violents livrés entre eux ou du fait qu’il ne se chausse pas régulièrement. Il est parfois incirconcis. Lorsque le déséquilibre survient, il se contente des médicaments qu’il peut avoir juste à côté sur les étalages du marché pour se traiter. L’habitude prise est l’automédication et le plus souvent les médicaments avalés sont d’origine et de principes actifs douteux car exposés trop longtemps au soleil. A défaut il a recours à d’autres recettes qui lui sont conseillées par ses camarades. Mais lorsque son état s’empire malgré le traitement il s’en remet à un centre de santé ou à des structures de bienfaisance de la place pour une prise en charge gratuite ou à moindre coût. Lorsqu’il trouve un début de satisfaction, il arrête le traitement. Périodiquement des ONG, des Associations étendent leurs actions de prévention sanitaire sur les lieux de vie de ces enfants et organisent des séances de sensibilisation contre les maladies.
12. INFRACTIONS
Les infractions contre les biens et les infractions contre les personnes trouvent ici leur terrain de prédilection. Infractions contre les biens : vol simple, vol aux étalages, le maraudage, l’escroquerie, l’abus de confiance, le recel, le délit de fuite, le faux et usage de faux, la filouterie de transport, le délit de grivèlerie et bien d’autres que sont la consommation ou le commerce du chanvre indien, la conduite de véhicule sans permis etc. Infractions contre les personnes : les coups et blessures volontaires ou involontaires, la tentative d’empoisonnement, le vagabondage, l’homicide involontaire, la violence et voies de faits, le meurtre, le viol, l’attentat à la pudeur, l’avortement… Il faut reconnaître que la lutte pour la survie a pour corollaire la violence qui est source des différentes infractions que commettent les enfants au quotidien dans la rue. Il est inconcevable que l’on ait ce statut et que l’on ne participe pas d’une manière ou d’une autre soit activement ou passivement en tant que auteur, co-auteur ou complice à la commission d’une des ces infractions. On comprend alors aisément que les militaires, les gendarmes, les policiers ne puissent faire bon ménage avec ces enfants. Ici il importe de préciser que souvent les enfants sont poussés à la commission des infractions par des adultes de leur environnement qui s’abritent derrière eux pour échapper à la répression des dispositions pénales. De toutes les infractions précitées celles qui viennent en tête sont le vol simple ou qualifié et les coups et blessures volontaires ou involontaires. Le système défensif mis en place par les enfants fait qu’ils sont très peu appréhendés par les agents des forces de sécurité lesquels dans la plupart des cas viennent tardivement sur les lieux de commission de l’infraction. Mais lorsque l’enfant se sent en insécurité et pour échapper à toute arrestation il se rend très mobile. Mais lorsqu’en dépit de tout l’enfant se fait arrêter par la victime soutenue par la population, il court le risque de se faire lyncher si les agents des forces de l’ordre ne viennent pas à temps.
Qu’est ce qui fait souvent l’objet de vol ?
Tout ce qui peut être empoché, transporté, déplacé par tous les moyens ou qui peut être subtilisé quelque soit le lieu où il se trouve ou entre les mains de qui il se trouve et dont la possession peut permettre de solutionner momentanément un ou des problèmes. Voici une liste qui n’a pas la prétention d’être exhaustive de ce qui peut être volé : Plat de nourriture, produits alimentaires, objets d’art, bouteille de boisson, vêtements, animaux, ustensiles de cuisine, sac, panier, chaussures, ampoules, montres, argent, porte-monnaie, chaîne, boucles d’oreilles, sacoche, vélo, vélo moteur, fruit, portable, rétroviseur, radio, CD, ustensiles de cuisine, condiments etc. en somme tout ce qui a une certaine utilité. Quelle est la source des coups et blessures ? Les bagarres constituent l’une des sources essentielles de cette catégorie d’infraction au cours desquelles il y a utilisation régulière de couteaux, de tessons de bouteille et tout autre objet tranchant ou contondant.
13. SURNOMS
Cet enfant est bel et bien issu d’une famille dans la mesure où il en porte le nom patronymique et le prénom qui lui ont été donnés à bas âge. Cependant il n’est pas interdit qu’il se fasse désigner par un surnom. La pratique du surnom est très courante et constitue un des traits caractéristiques des enfants. Il est rare qu’une fois dans ce milieu il ne se fasse désigner par un surnom qu’il se donne librement ou qu’on lui donne et qu’il est bien contraint d’accepter car ainsi va la vie dans ce milieu. D’ailleurs c’est un élément de sa propre défense qui lui permet de se cacher ou de se confondre aux autres. Lors d’un entretien l’enfant fournie des informations au sujet de ses relations avec sa famille via à vis de laquelle il peut être en rupture ou non.